Aujourd’hui, direction Auvernier et ses vignes aux teintes printanières, à la rencontre d’un producteur de breuvages originaux. Calpin à la main et appareil photo autour du cou, je suis le charment sentier de « La Roche », qui me mène au cœur de la vieille ville. Alors que je m’imprègne de ce lieu rempli d’histoire, Jean-Michel Henrioud me rejoint, au pied de la Grand-Rue 6.
Ce matin, nous laisserons un temps les pavés et les bâtiments colorés d’Auvernier pour plonger dans la magie des caves et des breuvages de Jean-Michel Henrioud, vigneron et encaveur depuis une trentaine d’années. Sans plus attendre, nous entrons dans le local principal. C’est ici qu’Henrioud propose, chaque samedi matin, des dégustations aux passants et à ses clients habitués. A peine ai-je passé le pas de la porte, que je découvre quantité de cageots, de bouteilles et de machines en tout genre. Cela ne fait aucun doute : la production de Jean-Michel a tout ce qu’il y a de plus artisanal.
A ma droite, les différentes bouteilles du domaine Henrioud sont exposées sur un promontoire. A ma gauche, une machine destinée à presser les pommes. Plus loin, je distingue une dizaine de cuves rouges en inox. C’est ici que sont stockés les précieux vins du domaine Henrioud : « Mes quelques deux hectares de vignes sont disséminés entre Auvernier et Colombier. Avec ça, je produis chaque année environ 5000 litres de vin, ce qui représente à peu près 6000 bouteilles » précise Jean-Michel, en avançant vers les cuves.
Mais pour arriver à ce résultat, Jean-Michel a franchi de nombreuses étapes avec – comme le dit bien l’un de ses amis – « toujours un petit coup d’avance ». En effet, après un CFC de caviste et son diplôme à la Haute Ecole d’œnologie à Changins, le vigneron sera parmi les premiers à se lancer en Biodynamie, et plus tard, dans les Vins Natures.
Un précurseur
Lorsque Jean-Michel et son épouse font le choix de la Biodynamie en 2002, ils ne sont que quatre dans le canton. Jeune papa à l’époque, le vigneron explique que la décision de convertir son domaine est tombé sous le sens : « Le matin, mon épouse et moi allions traiter aux herbicides. L’après-midi, nos enfants jouaient dans cette même herbe. On s’est dit que quelque chose ne jouait pas », raconte-t-il. Ravi de ce virage anticipé, Jean-Michel Henrioud ne s’est pas arrêté là. En 2017, soit quinze ans après ses débuts en Biodynamie, il se lance dans les Vins Nature. Une fois de plus, il est à l’avant-garde : « Je me suis dit : il faut essayer, on verra bien si ce n’est qu’une mode. Aujourd’hui j’y suis encore et je ne regrette absolument pas. C’est un travail très chouette à faire ! » confie-t-il.
Dans cette production, il apprécie particulièrement le travail d’artisan, qui l’oblige sans cesse à s’adapter et à évoluer : « Ce qui est génial, c’est que c’est un produit vivant. Alors ça change tout le temps ! », s’enthousiasme Jean-Michel. Et le vigneron de préciser : « En plus, l’avantage est que je n’ai rien dû apprendre, mais plutôt désapprendre. »
Entre son domaine en biodynamie et ses Vins Nature, qui rencontrent un succès grandissant auprès des consommatrices et des consommateurs, Henrioud ne manque pas de travail. Préparation de tisane géante pour les vignes, mise en bouteille, ou encore étiquetage : tout est fait par ses soins et ses « petites mains ».
Malgré un emploi du temps manifestement chargé, notre homme ne manque pas une occasion pour tester de nouvelles productions ! Après le classique mélange « pomme-raisin » – testé et approuvé – il a élaboré pour la première fois un jus de betterave ainsi qu’un jus de carottes, sur demande d’un collègue agriculteur : « J’ai gouté et c’est franchement sympa ! » affirme notre producteur passionné.
Une fois de retour au grand jour et une bouteille en plus à la main, je remercie Jean-Michel pour la visite. Avant de le quitter, je lui demande de me livrer son coup de cœur. Je vous laisse avec sa réponse : « Le trio accompagné d’un fondant au chocolat ou d’un jambon-melon, c’est une vraie tuerie. »
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