Rosalie et Jean-Christophe Bignens – O’Paradis des poules
Première exploitation de poules pondeuses bio du canton de Neuchâtel
Perchée sur les hauteurs de Gorgier se trouve la ferme de la famille Bignens, bordée par la forêt et jouissant d’une vue imprenable sur le lac. Nous y parvenons par une charmante route sinueuse. Lors de cette fraîche matinée, nous sommes accueillies chaleureusement par un comité tout-à-fait singulier: les vaches nous observent avec curiosité, les oies annoncent notre arrivée et un âne ainsi que son ami poney réclament notre attention et câlins.
C’est Rosalie Bignens qui nous fait découvrir la ferme. Nous commençons la visite par un tour aux étables. Au total, ce sont 25 vaches, 26 veaux et un taureau qui ruminent, se reposent ou font leur toilette à tour de rôle sous les brosses automatiques mises à leur disposition dont elles raffolent. Leur alimentation principale est un fourrage à base d’herbages cultivées sur place ou en collaboration avec Quentin Ducommun du Domaine des Prés d’Areuse. Il s’agit d’un échange de bons procédés : les Bignens fournissent le fumier pour les cultures de la famille Ducommun, tandis que cette dernière approvisionne la ferme de Gorgier de céréales pour leurs animaux. Pour l’engraissement des bœufs, ils sont également nourris d’un mélange de céréales moulues dans la propre ferme et composé notamment de maïs, orge et triticale. Dès que la météo le permet, ces magnifiques bovins passent leurs journées sur les prairies qui entourent la ferme et avec l’arrivée de l’été, vaches et veaux se rendent à l’alpage de Neyrevaux près des Diablerets. Tout cela se fait dans le respect des règles du cahier des charges de Bio Suisse qui établit les principes du bien-être animal et la biodiversité.
Il n’est donc pas étonnant que la viande de bœuf issue de cette ferme soit très appréciée des clientes et clients de la Coopérative des Halles. Mais c’est notamment par la qualité de leurs œufs que les Bignens sont connus dans le canton. Et pour cause : il s’agit de la première exploitation de poules pondeuses bio du canton de Neuchâtel. Ce sont les parents de Jean-Christophe Bignens qui s’étaient lancés dans l’aventure de la production d’œufs il y a maintenant plus de 50 ans ; par ailleurs, ils ont été les pionniers dans le domaine. En 2005, Jean-Christophe reprend l’exploitation de ses parents. En 2012, avec Rosalie à ses côtés, ils passent en bio après deux ans de reconversion.
La visite aux poulaillers est ainsi un passage obligatoire. Il y a tout d’abord le petit poulailler qui est en réalité une sympathique maisonnette verte accueillant 500 poules. La plupart des œufs que nous vendons au magasin de la Coopérative proviennent souvent de ce poulailler. Les poules ont à leur disposition un ample verger avec la vue sur le lac. Elles en ont de la chance !
Le grand poulailler héberge 2000 poules, y compris quelques coqs qui s’y pavanent. Très spacieux, moderne et propre, ce lieu évoque toutefois le charme des anciens poulaillers avec de belles poutres en bois. Les poules ne sont pas étonnées de notre présence dans le poulailler et malgré leur nature craintive, elles nous accueillent de façon que, quelques minutes plus tard, nous sommes entourées de volailles actives et curieuses. Dû à la fraîcheur de la matinée, elles se retrouvent en grande majorité à l’intérieur, mais l’après-midi les poules déambulent entre la volière, le jardin d’hiver et la basse–cour. Elles ont également accès à un vaste pâturage qui se situe à deux pas de la forêt.
Dans les deux poulaillers, des contrôles stricts sont réalisés régulièrement, par exemple la recherche de salmonelles. Les Bignens nous rappellent que les œufs sont des denrées qui se gardent longtemps, pourvu qu’ils ne souffrent pas de changements importants de température. Si vous décidez de les conserver au frigo, il faut qu’ils y restent jusqu’à leur consommation. Nous avons également appris qu’un œuf est considéré comme frais, et peut donc être mangé cru, jusqu’à 21 jours après la ponte. C’est bon à savoir ! Il semblerait aussi que, contrairement aux idées reçues, plus les poules sont exposées au soleil, plus le jaune d’œuf est clair.
La visite s’achève sous les rayons d’un soleil timide. Le bourdonnement des abeilles autour des cerisiers en fleur nous indique que l’hiver nous quitte enfin. Sur un pré au loin, on aperçoit un renard qui guette. Le calme règne mais le son des cloches qui remonte du village nous ramène à la réalité : le devoir appelle la famille Bignens. Il y a toujours beaucoup de travail quand on a décidé de faire du bien-être animal une priorité.
Nous recevons de la viande de bœuf les mercredis et des œufs toutes les semaines
mai 2021 _ Rosa da Vila
Photos_Carolina Restrepo