« Prochain arrêt : Cortaillod temple » ! Tandis que le car jaune reprend sa route, j’emprunte un charmant petit sentier pour me rendre au repère de Pierre-André Perriard. Un doux soleil de fin d’été caresse les bâtiments colorés et les fontaines fleuries du village. Le clocher sonne 10h00.

Rue Longe-Coca 1… 3… et 5 ! En cherchant la porte d’entrée, mon regard est happé par un petit self-service, joliment aménagé sur un chariot en bois ancien. Un large choix de confitures, du sirop de sureau, des oignons, de belles grappes de raisin fraîchement cueillies… Ce doit être ici.

Zieutant par la petite fenêtre de la boutique, j’entrevois Pierre-André, les bras chargés de bois – il me fait signe de le rejoindre. A peine entrée dans l’espace de production, je sens se dégager un mélange de chaleur et de levain. Tout de blanc vêtu, P.A. alimente le feu pour la cuisson de l’après-midi. Aujourd’hui, ce sera escargots aux noisettes, brioches et pains au petit épeautre… Miam !

Du champ aux clients

Mais le four à bois n’est de loin pas le seul instrument composant cette ancienne écurie rénovée : la pièce a savamment été conçue comme une mini salle de production artisanale ! Brosseuse pour nettoyer les grains, moulin ou encore pétrin imitant le pétrissage manuel ; on y trouve toutes les installations nécessaires à la fabrication de produits de boulangerie et de pâtisserie.

Et pour assurer la bonne coordination du champ au client, un seul homme : « C’est moi qui sème, cultive, moud le grain, fabrique et vend mon pain. Les locaux sont ici, les champs à 500 mètres : un circuit plus court que ça, on peut pas ! », soutient l’agriculteur de formation.

En effet, accolé à l’espace de production, un chaleureux espace de vente a été créé. C’est ici que Pierre-André vend la majorité de ses pains et pâtisseries, tous les mardis et jeudis, de 16h00 à 19h00. On a également plaisir à retrouver ses gâteaux et pâtisseries directement en ville de Neuchâtel, à la Coopérative des Halles !

Des pains uniques et originaux

Le cœur du projet de P.A. consiste à confectionner des pains au levain à partir de céréales de variétés anciennes : « Je cultive et travaille du blé rouge de Bordeaux, de l’épeautre, du petit épeautre et du blé Khorasan. Chaque céréale a son propre levain, et j’en fais aussi sans gluten. », précise Pierre-André.

Sur ses 15 hectares, l’agriculteur-meunier-boulanger dispose également de raisin, de noisetiers et de nombreux fruitiers : « Avec mes petits fruits, je compose des barquettes ou fais du sirop. Je fabrique aussi environ 300 pots de confiture par année. » Cette variété de produits à portée de main lui permet de composer des pains uniques et originaux : « J’essaie toujours de faire de nouvelles choses. J’ajoute des figues, des noisettes, des dattes, des mélanges de graines… Et parfois je glisse quelques pépites de chocolat ! », s’amuse-t-il.

Levée de fond

Si Pierre-André cultive depuis plus de 40 ans, ce n’est qu’au printemps 2021 que les espaces de production et de vente de pains et pâtisseries ont vu le jour : « C’est une passion de longue date. J’ai toujours fait de la pâtisserie dans le cadre privé, et je trouvais bien de permettre aux gens d’avoir des douceurs et du pain frais en rentrant le soir. »

Mais ce grand rêve n’aurait pu exister sans le soutien de nombreuses personnes, convaincues de la pertinence du projet ! En effet, le crowdfunding lancé en 2020 par le biais de « Yes we farm » a recueilli un franc succès auprès du public : « Cela a très bien fonctionné ! », se réjouit Pierre-André.

Bien qu’il se soit lancé sur le tard, Pierre-André tient à cœur de perpétuer ce projet aussi longtemps que possible : « C’est vrai que j’arrive bientôt à la retraite, mais je pense poursuivre jusqu’à mes 70 ans. Tant que j’ai la santé, je continuerai ! », confie-t-il dans un sourire.

Texte et photos : Nastasia Jeanneret